Bonnet Cécilia HANA BI OU FLEUR DE FEU
En 2003, une compagnie de théâtre voit le jour à Aubagne (près de Marseille) avec le spectacle “La pyrothérapie du vilain petit canard”
Cette troupe de théâtre dit de rue et spécialisée dans la pyrotechnie, se veut populaire et expérimentale.
Deux ans plus tard elle s’installe à Pompignan et crée le spectacle dont je vais parler, Zoo la légende du roi singe, auquel j’ai pu assister lors d’un festival de rue en Espagne, à Santander, près de Bilbao.
Ce conte urbain s’inspire du texte chinois de Wu Cheng’ en. L’histoire s’articule autour d’un dragon de seize mètres de long, qui crache du feu et qui est dirigé par le roi taureau, chef de l’autorité céleste ainsi que son épouse, la princesse à l’éventail de fer. Dans le ventre de la bête se trouvent le dieu cochon et un bonze (origine japonaise qui signifie prêtre ou maître de temple ou de monastère dans la religion bouddhiste) qui jouent de la musique électronique aux sonorités orientales.
Des singes suivent le dragon en espérant sauvé leur roi emprisonné dans une cage de bambou sur le dos de la bête. Ils hurlent de désespoir et se perchent sur chaque branche d’arbres qu’ils trouvent sur leur passage en signe de protestation mais des échassiers qui protègent la bête les en empêche.
Toute la représentation se déroule au fil des rues qui se remplissent d’une foule exaltée par les feux dégageant une atmosphère particulière. En effet la fumée se propage autour du cortège dans une musique frénétique avec pour accompagnement les cris des singes qui se rebellent contre l’autorité divine qui a enfermé leur Roi. Ensuite le monstre géant se dirige vers une place où l’on s’installe en cercle pour découvrir la suite de la légende. Les lumières artificielles fusent dans le ciel et les comédiens qui sont acrobates, jongleurs, danseurs et musiciens s’en donnent à coeur joie. Les ombres des personnages se reflètent sur le mur telles des ombres géantes prêtent à nous dévorer.
Les personnages de cette pièce retracent la vie du Roi singe, qui après être sorti de son oeuf, a déclenché la fureur du Pyrotaurus (roi taureau) qui n’est autre que le roi du feu car d’une part il était trop curieux et d’autre part il avait séduit son épouse. La troupe de comédiens s’approprie l’espace et joue avec les lumières de la nuit, réelles ou artificielle, la foule est envoûtée. La pyrotechnie est leur spécialité et ils savent comment l’utiliser. Elle fait partie intégrante du show et c’est même autour d’elle que les personnages s’agitent. Mélange de couleurs et de styles acrobatiques, de danses frénétiques et de costumes grandioses.
C’est une métaphore satirique de l’humanité, en effet lorsque le Pyrotaurus se met en colère il déclare un long procès ouvert entre le monde d’en haut et celui d’en bas, au pied du Mont des fruits et des fleurs. Montagne qui représente la séparation des deux mondes et qui finira par exploser à la fin comme un signe de colère divine.
La séparation est bien distincte, rien ne peut atteindre le dieu du feu, il maîtrise de toute sa force les singes qui malgré tout se battent afin de défendre leur Roi et par la même occasion leur droit.
Le Roi singe est issu de la mythologie chinoise et serait né d’un rocher magique situé en haut de la montagne aux mille fleurs, qui se transforma en oeuf d’où sortit un singe de pierre. Celui-ci décida de vivre avec les autres singes de son espèce et montra un courage sans faille ce qui lui permit d’être nommé Roi des Singes. Il était avide de savoir c’est pourquoi il partit dix ans voyager en Asie afin de découvrir le secret de l’immortalité, ce qu’il fit rapidement grâce à un vieux sage des montagne qui le lui enseigna. Sa curiosité sans fin finit par irrité le ciel ce qui provoqua une guerre des mondes.
Ainsi cette troupe s’est inspirée de cette légende pour monter une féerie vivante où chacun y trouve son compte. Le matériel utilisé est assez impressionnant d’une part du à l’immense dragon de seize mètres de long et d’autre part du à la pyrotechnie qui est présente du début à la fin. Toutes les acrobaties, les jongleries, les danses et la lumières reflètent un travail de longue haleine. Les costumes, le dragon, la musique, les acrobaties, tout est fabriqué par la troupe du décor aux habits.
J’ai eu l’opportunité de passer un mois avec eux, dans leur environnement de création et j’ai ainsi pu réaliser l’ampleur de leur travail de ces artistes qui partent en tournée dans toute la France mais aussi en Espagne lors de festivals de théâtre de rue et c’est à chaque fois un succés.
Ils ont fait d’autres spectacles tels que Kamtchka, l’Arche du Mégalo, Le Piccolo Circo, Diablillos de Fuego et Histoires de Rêves.
On retrouve dans chaque spectacle la technique de la pyrotechnie et toute une mise en scène propre au théâtre de rue. Ils apprivoisent le territoire pour mieux se l’approprier et c’est ainsi que les éléments se déchaînent dans une fusion envoûtante de musique, de danses, de feu où l’on sent le pouvoir et l’énergie de ces comédiens face à une foule toujours plus nombreuse.